Chapitre IX : De la boue et des corbeaux

Six mois après la mort d’Oleg Orkmont…

Ville de Falaise, domaine des Ouestrelins, vassaux des Lannister



« Alors ? » Demanda Lou-Porte-Vent à son compagnon de route et de basses besognes.
« Il est là… » Affichant une mine déconfite et une bouche tordue par l’angoisse, Peck se retourna vers Lou en s’agrippant à sa choppe de bière avant de poursuivre « …Et il n’est pas content du tout… Je l’ai vu arriver avec ses soldats… Un ramassis de tueurs oui ! Des haches, des marteaux, des broches, mais pas beaucoup d’épées ! J’pensais qu’y aurait plus de rouge pour une armée de Lannister !»
Lou se frotta le nez « Une armée ? Non, c’est pas une armée, c’est des bourreaux, juste des bourreaux assemblés en troupe, Les Lannister y veulent raser tout ce qui bouge jusqu’au bout de la Pointe de fer ! »
« Faut dire que les Lions ont pris une sacrée claque, on sait toujours pas qui qu’y a pillé leurs cargaisons d’équipements ? »
« Nan, à entendre c’qu’on dit, c’est les Fer-Nés, ou bien les Pirates Dorniens, ou pt’êt même les Martell. Moi j’dis que ça pourrait même être les vierges folles de la Treille que je m’en moquerais, tant que les Lannister crachent au bassinet…
« T’es pas fou ! Tu veux être pendu ! » Peck assena un grand coup sur la tête de Lou avant de vider d’une traite le contenu de sa propre chope.

Peck avait raison, quiconque de fidèle aux Lannister ayant rapporté ces propos aurait gagné en or ce que Lou aurait perdu en chair. Mais ce genre de personne, on en trouvait peu au « Pal Grillé ». A dire vrai la taverne comptait tout ce que la ville pouvait avoir de rageux et de grognants. Les Oustrelins à l’honneur déchu n’était pas les plus vifs à châtier, et Falaises passait pour un endroit où l’on pouvait encore dire ce que l’on voulait. Manifestement cela allait changer d’ici peu. La rumeur désignant un nouveau lord Lannister pour attaquer les terres plus au nord était parvenue rapidement jusqu’à la pointe de Fer. Jusqu’à Mort-Amer même, grâce aux corbeaux. C’est parce que son oncle n’avait toujours pas pris de position officielle quand à la succecssion et que Ser Edric l’avait tenue informée de la santé fragile mais stable de son frère, que Flore s’était décidée à s’impliquer plus largement dans les affaires du continent, étendant par la même son « empire » personnel, pour la plus grande joie de ses cousines Laansidh.

Pour cette raison, Ludès était parti vérifier une rumeur selon laquelle, la révolte grondait à Falaise, contre les taxes et les aises prises par les administrateurs Lannister. Pour nourrir leurs troupes et alimenter leur guerre, le Lion raclait la moindre pièce d’or, la moindre réserve de nourriture. Pays descendant des Premiers Hommes, les gens de la région n’appréciaient pas d’être traités comme des vaches à lait.

Dissimulés par une capuche de tissu grossier, Ludès avait pris le parti de s’habiller comme un porteur de fagot, seule profession itinérante pour laquelle personne ne lui poserait de question sur ses fréquents déplacements. A peine sorti du Pal Grillé, il monta dans sa charrette et quittant les murs décrépis de Falaise, pris la direction d’une maison en ruine à l’écart de la ville, dans laquelle il avait installé un stock de fagots. C’est aussi ici qu’il avait habitué les corbeaux à venir afin de communiquer ses messages au plus vite….



Mort-Amer, deux jours plus tard

Echec et Mat !!!
Jubilant, Martin n’eut pas la présence d’esprit de contenir sa joie, il sauta hors de la table, renversant l’habile combinaison avec laquelle il venait de vaincre Flore. Alors qu’il bondissait sous le regard vide de Kraken, Flore regarda le jeune garçon. L’air du large lui réussissait, il avait pris du muscle, une beau plus mat, des cheveux plus longs et une assurance dans la démarche qui ne devait pas être étrangère au fait que la garde laissée par Edric s’était pris d’affection pour lui et lui avait enseigné les armes. Prenant soudain conscience de ses gesticulations, Martin s’arrêta net et gratifia Flore d’un salut respectueux.
« Votre Grâce me pardonne, c’était une très belle partie ».
Pas de peur dans sa voix, pas de crainte de lui déplaire. Il avait fait une erreur, il la corrigeait. Flore soupçonnait une autre influence, Enora passait beaucoup de temps avec Martin, elle y était bien obligée car le jeune page se devait de connaître tout ce qu’il fallait savoir pour pouvoir prendre soin de Flore et se méfier de toute un chacun avant qu’elle n’ait à le faire elle-même. Kraken descendit d’un bon du banc couvert de coussins en soie sur lequel il rêvassait et quelque reptations plus loin se calla à un mètre de la porte de la salle de travail de Flore. En s’ouvrant, la porte décrivit un arc de cercle qui effleura le lézard, qui ne cilla pas. En revanche la lavandière qui entrait avec des draps, et un tout petit rouleau de parchemin, eut la peur de sa vie. Le linge ne quitta pas ses bras cependant, le rouleau fut en revanche éjecté jusqu’aux pieds de Flore. Un message de corbeau, portant la marque de Ludès. Sans répondre à qui que ce soit, Flore ouvrit le message.


« Votre Seigneurie,

Voici plusieurs mois que je me trouve désormais à Falaise, je vous fais ici un compte-rendu concis de ce que j’y ai trouvé : des gens du commun, comme des notables, furieux de se voir tout prendre sans jamais rien voir revenir de la guerre du Roi Joffrey contre les Stark, commence à gronder. Il y a certainement ici, des espions Lannister, c’est pourquoi il fut difficile de trouver ceux qui ont dépassé le stade de la grogne nocturne et qui veulent s’organiser. Sans vous mentir, je n’ai trouvé qu’une piste réellement intéressante. Nous pourrions toujours arroser les paysans du cru pour les pousser à se révolter, ce qui pourrait troubler les campagnes des Lannister, mais cela coûterait de l’or pour rien. En revanche, les Marpheux, autres vassaux des Lannister voisins des Ouestrelins, ont ressorti une vieille querelle de frontière afin de faire main basse sur des stocks de grains. Je sais que vous portez attention à certaines histoires, aussi je note ici aussi une anecdote entendue à la sortie de la prière au Temple des Sept. Deux artisans en meuble pestaient contre une grosse commande perdue à la faveur d’un jeunot qui avait vendu à prix d’or une table valyrienne. D’après l’un des artisans, la table n’en était pas une, il s’agissait des vestiges du pont d’une galère valyrienne. Je laisse à votre seigneurie l’art d’apprécier l’information. Le client est un négociant en draps vivant sur les hauteurs, Vraad et le vendeur est un colporteur notoirement connu pour passer les plages au peigne fin afin d’y trouver des trésors dont le nom est Fridegor. Par ailleurs, je sais que la ville compte un grand nombre de ruffiants désoeuvrés qui trouveraient avec plaisir un bateau pour piller les côtes en profitant du chaos de la guerre, mais là aussi, il faut de l’or, et des bateaux. Je pensais que peut être nous pourrions user à notre avantage des trois navires Orkmont sauvés des flammes, ce qui nous permettrait de faire d’une pierre deux coups en équipant des pillards sans être impliqués et porter les soupçons de cette disparition sur quelqu’un d’autre que nous. Il est heureux que les Greyjoy n’aient pas encore eut le temps, ou pas la volonté de s’occuper de cette histoire. Vous savez comment me joindre. »

Le symbole tracé à la plume dans le coin de la page, connu seulement de Flore et de Ludès, accréditait la véracité du document..

Flore ne le réalisait que par à coup, mais Martin était en train de devenir un homme sous ses yeux. Elle pouvait parier que d'ici six autre mois le poil commencerait à lui pousser au menton.

De son côté, outre le fait que son sens de la stratégie se ramollissait à force de mener une vie de pacha de gouverneur, son expérience de femme se résumait à un baiser du bout des lèvres échanger avec... son frère. Pas que les propositions avaient vraiment manqué à la baie des canaris. Mais à la grande déception de plusieurs amazones laansidhs, elle ne jouait pas pour cette équipe.

" Tssssh ! Kraken, ne fais pas peur à mes gens de la sorte. "

Elle parcourut rapidement une première fois le message, puis plus en détail. Une galère valyrienne ! Ce diable de Ludès savait comment capter son attention.

Falaise n'était pas vraiment un bourg où elle avait envie de mettre les pieds. D'ailleurs chaque missive envoyée par Ludès lui en peignait un tableau peu excitant. Jusqu'à présent, Flore s'était estimée chanceuse de ne pas être sur place. Mais voilà, depuis un mois la tension de l'affaire Orkmont était retombée et la routine commençait à peser.

L'occasion était peut-être venue de passer de la théorie à la pratique les cours de voilure. Elle ne pourrait pas faire un bon capitaine, mais elle n'était plus si ignorante des affaires maritimes. Une visite en personne à Ludès s'imposait.

Elle allait lui apporter en personne le navire suggéré. Le, car dans un premier temps elle n'a pas l'intention de confier trois coques à des inconnus. Ils partiraient à deux navires en équipage réduit.

De toute façon, garder ces bateaux à quai ne valaient rien. Ils allaient finir par leur coûter de l'argent s'ils n'en faisaient rien.

Usant du mode de fonctionnement Laansidh, elle décréta son départ sans offrir la possibilité d'une autre option. Elle avait noté qu'en dehors de la fausse diplomatie à la Enora, les manières despotiques étaient encore ce qui passait le mieux à Mort-Amer. Le temps d'envoyer un message à Ludès pour le prévenir de l'envoie d'un émissaire et de navires et le vent pourrait claquer dans les voiles.

Oh oui, Ludès allait sûrement s'étrangler de la voir arriver en personne. Elle se faisait une joie de sa surprise.

Trois jours plus tard…

A la suite de l'annonce faite par Flore, les réactions avaient été, curieusement, très positif. Erayne la première trouvait que mettre la main à la pâte soit-même ne pouvait que renforcer la popularité de Flore et la rapprocher de l'image laissée par son père. Elle est Enora s'étaient trouvée inquiétés par les prétentions de Khay et ses manoeuvres politiques, mais les mois passants et la présence d'Edric prêt de lui semblant avoir soudainement tempéré ses ardeurs, les Laansidhs pensaient qu'ils n'oserait plus contester les écrits de Leuwen. Rowena avait les yeux flamboyants, la perspective de la guerre lui mettait l'eau à la bouche, elle n'en pouvait plus de patrouiller dans le vide, elle aurait même attaquer les côtes Laymore si elle l'avait pu. Finn n’avait rien trouvé à redire, il avait juste fait remarqué qu’en tant qu’ancien contrebandier, il conseillait d’adopter un minimum de mystification, la plus grossière qui soit, car ce sont celles qui passaient le mien, vis-à-vis de la présence d’un boutre fer-né qui ne manquerait pas d’attirer l’attention. Au lieu de la cacher et de perdre un temps précieux à se perdre sur des côtés éloignées de Falaise. Il valait mieux, et de loin, le montrer aux yeux de tous. Le Fer-Rouge n’avait rien d’un bateau de commerce, il pouvait contenir dix cavaliers et leurs chevaux, vingt marins et huit passagers de marque, une petite partie de la calle avait conservé son utilisation marchande pour tromper ceux qui viendraient inspecter le chargement qui était constitué d’épices et d’herbes afin de masquer les odeurs des chevaux. Alors que tous les yeux regarderaient le boutre vide, censé avoir été capturé puis ramener à Falaise pour être vendu, nul se douterait que le vrai danger venait de la caraque. Finn insistait beaucoup pour accompagner Flore, arguant que son expérience du milieu lui serait utile. Finn en savait plus qu’il n’aurait dû, mais manifestement n’avait pas pour autant tous les tenants et aboutissants. Son enthousiasme pour l’idée de partir n’était cependant pas feint. Il garda pour un entrevu privé une information qu’il devait lui transmettre : Le bûcheron qu’elle avait fait mander avait fait savoir par Corbeau qu’il pourrait les rejoindre d’ici quelque jours à Mort-Amer, il s’était déjà mis en route.

Flore était dubitative tandis qu'elle s'attelait à tous les préparatifs. Elle n'avait pas prévu l'enthousiasme général provoqué par son départ.

Et elle était un peu vexée tout au fond d'elle. On la privait du droit de faire une crise d'autorité, ce qui était assez scandaleux. Et en plus personne n'avait semblé s'inquiéter que la gouverneur quitte son poste. Alors quoi, elle ne servait donc à rien ?! Depuis six mois elle endurait sans broncher le défilé des doléances et tout le quotidien ennuyeux de la vie à Mort Amer, et voilà qu'elle pouvait filer avec les félicitations de la maison.

Flore voulait taper du pied. Finn se trouva être dans le chemin. Elle prit tout une soirée pour aller contre chacun des arguments de son plan, qui n'était pas plus idiot qu'un autre. Mais son idée resta ferme : pour le moment, pas question d'avancer en pouvant être lié aux fameux bateaux fer-nés, et encore moins d'engager le fer-rouge. Elle insista sur le "pour le moment".
Les deux navires iraient accoster en équipage réduit, non pas à Falaise car effectivement ce n'était pas discret, mais dans un bourg à côté, ou bien une crique, restait à déterminer où. Quant à elle, elle se rendrait directement à Falaise. Et, sur cet aspect là, l'aide de Finn serait appréciée car le recrutement de matelot ne risquait pas d'être son fort.

L'annonce de l'arrivée de Langres acheva de lui remonter le moral. Elle n'espérait plus sa venue depuis un moment, et le souvenir laissé par sa rencontre avait fini par s'estomper. Leur héritage targaryen en commun tenait de l'abstrait du moins dans les grandes lignes. De son côté, elle aimait se rappeler sa différence en jouant avec les flammes. Elle avait hâte d'éprouver la résistance au feu de son frère. Et, surtout, de le questionner sur ce qu'il savait puisqu'il se promenait toujours avec le blason de la maison Blackfyre.

Même là, Flore fut frustrée. Finn laissa ses arguments fondre comme neige au soleil dès lors qu'il su qu'il partirait lui aussi. Il fut demandé à Flore qui devrait diriger en son absence. Et l'absence du Fer-Rogue de l'équation accélérait de beaucoup l'embarquement.

L'Eventreur fut donc renforcé du Noie-les-Ombres pour ce voyage en toute discrétion. Alors que Finn prenait le commandement du premier, un capitaine de Rowena Hred, pris celui du second. Alors que le crépuscule touchait à sa fin pour céder à la nuit, Finn débarqua sur le port de Mort-Amer, à la capitainerie, avec un message pour Flore qui inspectait les préparatifs et surtout passait en revue les hommes d"équipage, flanquée de Martin qui lui assurait à chaque fois de l'identité des uns et des autres.

Le message venait de Langres. et prévoyait son arrivée pour... Ce soir même. Finn précisa que les guetteurs de la Haute Tour avaient effectivement vu un bateau venant de la côte à l'horizon, un peu avant que ne tombe la nuit. Avec les vents, il devrait être là en milieu de nuité.

Il restait à désigner la personne qui allait la remplacer en son absence. A cet effet, elle devait rencontrer le Conseil dans quelques minutes.

Ne s'étant pas vraiment forgées d'inimitiés particulières, Flore se fichait de qui allait prendre la barre en son absence. Mais ça, elle s'abstenait de l'afficher bien haut. Au contraire, elle prenait garde à donner l'idée qu'elle était très concernée.

Tiens, pour la peine, elle allait même mettre une chemise propre pour assister au conseil. Tout ce qu'elle espérait c'est que l'affaire serait conclue avant l'arriver de Langres.

Les yeux plissés, elle n'écoutait plus Martin qui lui faisait l'inventaire de ce qui serait emporté à bord. Est-ce que ce soir Langres finirait dans le lit d'Erayne ?

Le poing sur son menton, elle continuait de réfléchir en ignorant le roulis de l'énumération de son écuyer.

S'ils ne restaient qu'eux d'une maison quasiment éteinte, n'était-il pas de leur devoir de faire perdurer le sang ? Peut-être pas pour régner sur les sept couronnes, mais au moins pour conserver le patrimoine et espérer connaître dans plusieurs générations un retour de gloire. Cela n'allait toutefois pas sans sujet d'inquiétudes. Un jour, un éleveur de chien lui avait expliqué que les croisements trop proches donnaient parfois des bêtes malades ou affaiblies.

D'un autre côté, ils n'étaient probablement que demi-frère et soeur. Il ne lui ressemblait en rien avec sa peau bronzée, ses cheveux chatains et toute sa physionomie de bûcheron.

Elle répondit avec négligence après que Martin se fut tu depuis un petit moment.

" Bien, bien ! C'est parfait ! "

Elle entama un mouvement pour passer sa main sur la tête du garçon mais réalisa que c'était devenu déplacé.

" Juste le temps de rejoindre le conseil. Tu peux aller manger. "

Elle émit un sifflement bref pour faire sortir Kraken de sa cachette et se rendit avec lui à la salle où allait se tenir la réunion.

Le Conseil avait été court, mais plus satisfaisant au niveau de l'effet produit par ses décisions que la discussion avec Finn. A l'énonciation du nom de Rowena pour diriger le domaine en son absence, cette dernière avait donné l'impression d'avoir été tartinée d'excréments en publique, Enora était devenue livide, Erayne avait cassé une plume entre ses doigts tout en gardant un visage impassible et Finn avait ri. Mais le silence de mort qui suivit n'avait pas remis en question son choix. C'est l'âme légère que Flore pu descendre prendre possession de ses quartiers sur l'Eventreur, en attendant qu'on la réveille quand arriverait le Bûcheron. Martin avait fait porté dans sa cabine, des éléments qu'elle n'avait pas requis. Cependant, le matelas en plume d'oie n'avait finalement absolument rien de facultatif une fois qu'on s'y était allongé une fois. Non plus que le petit tonneau de vin de la Treille, ou les rations de viande séchée, le poisson lui sortait par les yeux... Son écuyer lui avait réservé une vraie surprise, de celle que l'on peut qualifier de "cadeau", car protéger dans un drap de lin. Du moins supposait-elle que Martin en était à l'origine, car il était le seul à avoir la clé de ses appartements afin d'y faire le ménage. Un gambison de cuir noir et rouge, portant un Dragon tricéphale noir sur la poitrine. Neuf, bien plus clinquant que celui porté par Langres, il devait coûter une véritable fortune, surtout pour un écuyer qu'elle savait ne pas avoir trois sous en poche. Martin étant lui-même absent car désormais affecté aux tours de gardes avec les autres soldats, Flore repoussa la question à plus tard et se décida à goûter un peu aux joies de la plume d'oie...

"Ton chemin s'arrête ici Monstre !"
Flore ne comprend pas... Elle ouvre la bouche et les mots s'écoulent rauques, masculins: :
"Ser.. Ser Barristan... Vous servez le mauvais roi..."
Elle n'a en tête que le nom de ce chevalier qui la toise de son blason, trois gerbes de blés alignées sur fond brun. Il est dégoutté par ce qu'elle.. Ce "qu'il" est., Son coeur brûle du désir de tuer. Elle est vautrée sur une dalle grossièrement taillée, sur un vaste escalier de pierre serpentant au travers d'un décor volcanique. La chaleur est intense, insupportable même. Elle essaye de se relever mais c'est impossible, une violente douleur lui déchire les mollets. Ils sont tranchés, tous les deux. Quelque chose gigote contre son cou, par réflexe elle veut l'enlever. Sa main, énorme, crasseuse, entre en contact avec quelque chose qui lui donne de suite la nausée. Une autre tête... Elle a une être tête qui lui sort du coup à gauche. Elle roule en regardant autour d'elle, pousse une plainte douloureuse qui se mue en cri rauque dans sa gorge. Là, une épée ! A quelques mètres, une épée bâtarde, à la lame sobre, noircie par le feu, de l'acier valyrien. Elle est là, toute proche, encore un effort à traîner ce corps difforme. Encore un effort, encore...

Une violente douleur la traverse. Le Chevalier vient de la clouer au sol, le sang la quitte... Et pourtant, une dernière pensée la... Le... fait sourire... L'épée... Il n'aura pas l'épée... Alors que son regard s'éteint... Elle... Il... Voit deux mains sortir de l'obscurité, emporter l'héritage... qui un jour.. Sera brandit par un..."

En nage, Flore se réveille dans son lit de plume d'oie...De la fenêtre de sa cabine, elle peut voir qu'un long bateau couvert de lampions vient d'accoster.

Flore ne sait pas ce qui a traversé la tête de Martin de lui faire faire un tel gambison. Pourquoi ne pas se faire tatouer directement un dragon sur la joue à y être ? Elle trouvait déjà le blason porté par Langres particulièrement peu discret, mais là...

Eh bien, là, elle doit reconnaître que cela a tout de même beaucoup d'allure. En plus, il lui va bien. Le rouge est définitivement la couleur qui lui ravive le plus le teint. Pour le moment, elle peut encore s'habiller comme elle veut.

....


D'accord. Flore vient d'apprendre que s'endormir sans retirer son gambison tout neuf n'était pas une riche idée. Elle se frotte le cou avec une grimace de dégoût. Cette tête supplémentaire... Rah.. par le Noyé, c'était répugnant.

Pour se remettre l'estomac d'applomb, elle contemple la mer par la petite lucarne. Uh ! Oh ! Si ce ne sont pas les lumières du navire tant attendu qu'elle aperçoit ? Elle file sans attendre, mais en mettant un pantalon, sur le pont. Pourquoi personne n'est-il venu la réveiller ?!

D'une main courbée en griffe, elle se dépêche de se recoiffer, et d'un seul souffle, ordonne au premier type de garde d'aller faire savoir que le bûcheron était attendu à bord de l'Eventreur.

Elle se mordit la lèvre inférieure, espérant griller la politesse à Erayne.

https://www.youtube.com/watch?NR=1&v=pZ3lAT-c7LE&feature=endscreen

En sortant comme la foudre de sa cabine, Flore renverse un garde qui justement venait la prévenir. Elle le renverse si fort qu'en fait il s'effondre dans l'escalier et s'écrase deux mètres plus bas. La nuit est calme, fraîche mais agréable. Les embruns vifs chassent les derniers reliquats du rêve sans pour autant faire disparaître les images, vivent comme des souvenirs. Le garde au sol se relève et c'est lui qui se charge de prévenir que le Bûcheron est attendu sur l'Eventreur. Le port est calme. Le clapotis des vagues perturbé par l'arrivé du nouveau bateau fait tanguer plus fort les navires autour de lui. la masse qui s'offre à son regard dépasse pourtant tout ce que Flore avait pu imaginer. En embrassant la silhouette flottante d'un regard, elle laisse échapper un hoquet.



C'est un boutre, un long boutre... Un très long boutre de presque quarante mètres de long, possédant un petit château arrière et deux voiles larges. Son tonnage est bâtard, les rames basses sur la ligne de flotaison, et il arbore un éperon d'acier surmonté de deux yeux jaunes sur la coque et d'une belle tête de serpent de mer sculptée au bout d'un cou squameux. Les multiples lampions qui l'illuminent font luire les draps huilés d'un jaune vibrant, pulsant comme un grand feu derrière un rideau. tout le long de son bastingage, des deux côtés, une rangée de vingt boucliers ronds et brillants larges comme les roues d'un char, et gardés à chaque par deux hommes portant casques lourds, lances et arcs. Des marins de guerre aguerris. Alors que le navire termine sa manœuvre d'accostage et qu'une lourde corde est jetée depuis le pont, un pavillon est soudainement ajouté aux voiles, tiré en quelques "ho hisse" par des hommes rompus à ces gestes. Les badaus se sont depuis longtemps réunis pour voir ce magnifique bâtiment faire son entrée. un pont est jeté, des poulies grincent, des cris de marins accompagnent les frottements de cordes... Des sabots résonnent sur le bois, Flore regarde, avec une vue imprenable, depuis le pont de l'Eventreur, flotter la bannière des Dredmore et débarquer Thorven en tenue de bataille, portant Ivory en croupe, plus pâle et belle que jamais. Bien moins équipé, mais néanmoins tout aussi bien monté à cheval que Thorven, Langres descend à son tour, égal à lui-même, le regard scrutant la foule à la recherche d'un visage qu'il ne trouve pas.

La taille de l'engin l'estomaque, mais ce n'est pas ce qui lui fait le plus écarquiller les yeux.

N'attendant plus qu'on prévienne ses invités impromptus, elle débarque à terre en personne et pourfend de son énergique présence la foule.

" Place ! PLACE ! "

Son lézard sur les talons, elle se fraye sans mal son chemin pour aller prendre la main de Langres et l'embrasser fraternellement sur la joue. Que ce soit elle ou non qu'il cherchait des yeux. Pourtant, malgré toute la chaleur du geste, ce n'est pas sur ce dernier qu'elle s'arrête. Elle continue jusqu'à Thorven et sa précieuse cargaison.

Elle ne contient pas sa joie de revoir Ivory. En six mois, le temps lui fut largement offert de jouer toute la gamme de la nostalgie. Et si Ebon était le plus souvent au coeur de la douleur nait de l'absence, Ivory n'était jamais bien loin.

Elle salue Thorven d'un franc sourire avant de crier le nom de sa soeur.

" IVORY !!! "

Elle écarte les bras.

" Viens que je t'embrasse ! Par les fonds, je ne t'attendais pas ! Heureux que je n'ai pas hâté mon départ. "

Coeur battant, elle insiste pour qu'Ivory descende de cheval et qu'elle puisse enfin la serrer dans ses bras.

" Pourquoi tu ne m'as pas prévenu ? "

Très vite entourée par sa garde, Flore fend la foule. Son enthousiasme a recevoir les nouveaux arrivants a un effet imprévu. La foule s'embrase aussi, d'autres personnes se pressent sur le port. Et sans qu'on sache trop pourquoi, Thorven, Ivory et Langres, sont bientôt acclamés comme des sauveurs. Langres est visiblement intimidé par tout ce bruit, peu habitué à la foule et à ses sauts d'humeur, mais son sourire à l'arrivée de la jeune gouverneur de l'île ne laisse aucun doute sur la personne qu'il cherchait dans la foule. Thorven exulte, et fait hurler les choeurs en soulevant son épée vers le ciel tout en hurlant tour à tour "Dredmore ! Laansidh ! Laymore !" Ivory est un mélange de soulagement et de surprise. Lorsqu'elle prend sa soeur dans ses bras, Flore ressent nettement son protocole se briser. Elle est exténuée, et pour Flore qui la connait bien, nerveusement épuisée. Néanmoins, l'accueil qui lui est fait lui arrache des larmes et au milieu des liesses, Flore peut l'entendre dire "mais comment as tu...C'est incroyable !...Nous te pensions enfermée, en prison... Nous avons appris par Langres qu'il n'en était rien... Mais il était trop tard pour envoyer un corbeau..."

Flore et ses invités surprises sont séparés de la foule qui continue d'acclamer le splendide bateau et ses impressionnants soldats. Alors qu'ils montent tous sur l'Eventreur, on peut entendre s'élever les sons d'une fête improvisée.

https://www.youtube.com/watch?v=DuBS3Js4t8c

" Prisonnière, moi ? De qui, de quoi ?! Mais viens. Venez tous ! "

Alors qu'elle croise le soldat couvert d'hématomes, elle le tance. " Allons, quelle est cette tenue ? Va me chercher Martin ! "

Elle sourit à sa soeur " Lui aussi va être heureux de te revoir. "

Flore les conduit jusqu'à sa confortable cabine et allume toutes les lampes à huile pour offrir une meilleure visibilité, et contempler Langres par la même occasion. Elle lui décoche son plus doux sourire au passage avant que froncer ses sourcils cendrés.

" Eh bien, alors, que me vaut cette entrée en grande pompe ? On aurait annoncé la prise de Mort Amer par les Fer-Nés... J'ai l'impression qu'il y a quelques corbeaux qui ont pas fait leur office "

Elle sert du vin à chacun et s'installe sur un des tabourets cloués au sol.

" Sérieusement, quelles nouvelles de Laemoran ? Les dernières reçues n'étaient pas si mauvaises, mais nous ne nous pas quittés en très bons termes avec Edric. Et j'ai un peu la tête dans la pierre depuis quelques mois. "

Elle regarde sa soeur avec une petite grimace " Je déteste être Gouverneur. ".

Ivory a un petit rire étouffé quand Flore lui parle de son rôle de Gouverneur.

"C'est pour celà que Père t'a nommé ici je suppose, pour que tu ne t'enlises pas dans la facilité."

Pendant que le garde ayant chu court chercher Martin, tous s'installent dans la cabine de l'Eventreur. Thorven se défait de sa cape rehaussée de fourrure et en couvre le colossal coffre de voyage de Flore. Il tend sa main vers Ivory qui s’en saisit et l’installe sur le siège de fortune pourtant plus confortable qu’un fauteuil de campagne ou un tabouret. La prévenance dont il faut preuve vis-à-vis de la fille aînée de Leuwon dépasse la simple courtoisie. Il s’adresse à elle à voix basse, lui adresse des sourires, et se soucie véritablement de son état de santé. Langres a la même attitude, mais avec moins de proximité. Les deux hommes, deux gaillards, ne ménagent pas leurs regards de connivence, mi-amusés, mi-inquiets. Le bûcheron n’est pourtant pas en reste pour multiplier les sourires à l’adresse de Flore. Il est très heureux d’être là, enfin, presque fébrile.


On apporte du poulet rôti, Ivory dévore à belles dents les morceaux que Thorven lui coupe. Lui-même en consomme sa ration avec joie.

"Je n'en pouvais plus de ce poisson séché... Ou frais... en bouillie, en salade, en brochette ! Si je crève demain mon cadavre sentira aussi fort que le poulpe trouvé sur la plage !"

Langres n’a pas très faim, il attend qu’Ivory veuille bien répondre aux questions de sa sœur. Les lampes à huile éclairent presque aussi bien qu'en plein jour, si ce n'étaient des ombres absurdes se croisant et se décroisant en bacchanales impies contre les murs. Seul le rythme régulier des vagues rend un semblant de cohérence à l'ensemble et rassure les sens. Les clameurs enfin éloignées, Langres se risqua à verser des coupes d’hydromel, il en tend une à Flore, et lorsqu’il arrive à Ivory, celle-ci la vide d’un trait. N’y tenant plus, c’est Langres qui entame la discussion.

« Je n’avais pas prévu d’arriver avec un bateau de guerre, c’est le hasard, ou les faveurs des dieux qui ont organisés cette rencontre. Quand j’ai reçu le premier corbeau, j’allais partir dans les bois pour y cherche des ingrédients, c’était il y a des mois. Je ne pouvais pas repousser cette récolte, le temps risquant de vite m’en priver. J’ai prévenu que je viendrais dès que je le pourrais. A mon retour j’avais deux autres messages. L’un d’entre eux venait de Grand Jon, il me prévenait du passage de Ser Yan Edric et s’inquiétait de ce qu’il se passerait à Laemoran s’il y trouvait Mestre Khay en pleine révolte contre l’autorité de l’héritier légitime… »

Thorven termine sa deuxième coupe d’hydromel, il pose une main sur l’épaule de Langres et continue à sa place.

« Et voilà qu’il se dit qu’il lui faut parler à quelqu’un qui soit certainement fidèle à l’héritier… Et il vient me voir moi ! Qui d’autre forcément ! » Il pousse un petit rire « Mais le bougre a eut du nez, et la nuit de son arrivée, le voilà qui surprend un homme déguisé en miséreux qui a tenté de… » Sa voix baisse d’un ton, sa bonne humeur s’envole « …de poignarder Dame Ivory… »

La pâle sœur de Flore a un regard chargé de gratitude pour Langres dont le visage s’est tout de même couvert d’un voile inquiet alors que Thorven reprend.
« L’homme a été saisis et interrogé par mes soins. Avec ses dernières dents il a craché le nom de son commanditaire, Hubbard, l’apprenti de Mestre Khay… »

Pour ce qu’elle avait pu le voir, Hubbard était un maigrichon perdu dans ses livres dont la soif d’apprendre n’égalait que son manque absolu de sociabilité. Il ne répondait jamais ou presque, se limitant à acquiescer, et n’avait de respect que pour ceux qui savaient quelque chose qu’il ignorait.

Ivory termine de se laver les mains dans un bol d’eau parfumé prévu à cet effet et apporté en même temps que le repas, et termine l’histoire.

« Le misérable qui a tenté de m’assassiner m’a aussi fait savoir qu’une autre personne était placée par Hubbard à tes côtés, afin de t’assassiner en temps voulu, mais il ne connaissait pas son nom. Nous n’osions pas envoyer de corbeau, si le traitre avait eut accès au message, nous aurions précipité ta mort. Aussi avons-nous trouvé plus sûr de ne pas nous séparer et de te rejoindre ici. Langres était déjà invité à te rejoindre, personne ne s’étonnerait qu’il vienne, mais ton assassin ne devait pas pouvoir se douter qu’il serait accompagné…Comme Khay avait déjà planifié de te faire enfermé, puis assassiner, nous ne savions pas à quel accueil nous attendre… »

Ivory avale à grands traits une nouvelle coupe d’hydromel que lui tend Thorven et ajoute.

« Nous ne savons pas qui est l’assassin, cela peut être n’importe qui, même Martin… »

Flore regarde le petit manège qui se joue devant elle au sujet d'Ivory. Eh bien, eh bien, sa soeur a réussi à tenir dans sa paume deux beaux spécimens. Elle serait presque jalouse si elle n'était pas si bien placer pour comprendre qu'Ivory puisse être autant aimée.

L'accusation portant sur Martin ne l'atteint pas. Elle est prête à soupçonner Ludès qui après tout a accepté auprès d'elle au départ d'Edric, mais son jeune écuyer...

" Humm "

Elle regarde Langres, et ramène une épaisse mèche de sa crinière pale derrière son oreille.

" Martin nous a sauvé la vie, à tous les deux... "

Elle revient à Ivory.

" Comment va Ebon ? "

Les mains posées sur ses genoux, et l'exaltation des retrouvailles laissant place à un tout petit peu de pragmatisme, elle continue.

" Très franchement, je pensais aussi mettre les pieds dans une prison. D'ailleurs à bien des égards Mort Amer y ressemble. Plus qu'ailleurs, Khay a des légitimités ici, mais il a peut-être aussi sous-estimés les miennes. Et puis, j'aime bien les Laansidh. Même Rowena finalement. "

Elle sourit en pensant à la mauvaise farce au conseil. D'un autre côté elle était plutôt sincère dans son choix.

" J'étais disposée à me montrer arrangeante avec cette vipère de Khay. Hum... alors, j'imagine que vous n'étiez pas venu me sauver sans idées derrière la tête. "

Quoique...

" Nous sommes entrés pour de bon en campagne contre mon oncle ? Vous avez vu par vous même, ici tout le monde est de bonne humeur en voyant trois soldats, je crois que l'idée de n'importe quelle guerre serait acclamée. "

Langres secoue la tête comme pour dire "je n'y suis pour rien", quand Flore lui parle de Martin. Il termine sa bouchée avant de répondre autrement que d'un signe.

"Ce que voulait dire ta soeur je pense, c'est que tout le monde doit être soupçonné, si l'assassin ne s'est pas encore trahis, c'est qu'il doit être très patient, du genre de ceux qui gagnent ta confiance, ou se font invisible. Ton départ de Mort-Amer reste une excellente opportunité pour lui. Il faudra redoubler de prudence."

Ivory acquiesce "Je serais ravie de revoir Martin. Sa fraîcheur est un bienfait, dès qu'il saura tenir une épée, je te conseille de l'adouber, tu.. Nous aurons besoin de gens de confiance autour de nous. Quand à Ebon..." elle plonge son regard dans celui de Thorven, qui acquiesce tristement "J'ai peur qu'il ne soit soit mourant au point de ne plus pouvoir assumer son héritage, soit déjà mort... Personne n'a pu le voir depuis qu'il a été récupéré par Khay pour le "soigner". Personne ne sait comment il est traité, ni s'il est toujours en vie. Toute une partie du château de Laemoran est condamnée et le personnel est au delà de mon réseau. Mais... Si Khay s'est si promptement retourné vers moi c'est que désormais il y a une nouvelle menace à sa légitimité..."

Thorven se lève pour s'agenouiller à côté d'Ivory, posant une main sur son ventre et le caressant de sa grosse pogne soudainement contrainte à un geste de tendresse. Au travers de sa barbe, Thorven souffle :

"Nous sommes venu prendre cette île tout autant pour vous sauver que pour protéger notre enfant. Donc oui Ser Flore, nous sommes en guerre."

Flore pose son coude sur sa table de travail où traine les reliefs de son repas.
Elle appuie sa joue contre son poing devant le petit couple. C'était donc ça toutes ces prévenances.

" Cette île n'est pas à prendre. "

Son pied frappe contre le bois de l'éventreur. Doucement, sans violence.

" Les derniers qui sont venus exiger sont allés nourrir les tréfonds.

Ce n'est pas une menace. Je me battrai volontiers pour protéger votre enfant. Mon soutien contre Khay vous est acquis. Mais, ici, il n'y a rien à prendre. "

Elle penche la tête pour se masser la nuque en fermant à demi les yeux.

" Tu sais, ma soeur, j'ai réalisé ne chose à devoir supporter Edric. Je ne suis pas chevalier, et je ne le serais jamais. Ce n'est pas moi qui pourrait adouber Martin. Tu risque de le trouver un peu changer, l'air du large lui fait du bien. Il devrait plus tarder.

Enfin, plus important. Vous êtes mariés ?! Non parce que je serais très fâchée d'avoir raté ça. "

L'humeur vindicative de Flore se laisse dompter par Langres. De toute façon, elle ne cherchait pas la confrontation. La question de Thorven l'amène à faire un récit des derniers évènements et de la diplomatie menée tambour battant avec les fer-nés. Précisant qu'elle n'a rien à se reprocher, et que si Oleg n'avait témoigné que d'un soupçon de fraternité, il n'aurait pas fini égorgé comme un chien.

Elle profite ensuite d'un moment avec sa soeur, et cette fois laisse définitivement tomber les armes à terre. Avec elle, pas besoin d'être sur la défensive. Elle lui promet d'organiser pour elle le plus beau des mariages une fois Laemoran à nouveau dans leur giron. Elle n'est pas totalement convaincu par un Thorven en Lord, même si de toute évidence il en sera ainsi... Mais, ceci, elle s'abstient de le dire.

La vérité c'est qu'il estime bien curieuse les épousailles et cet héritier. Thorven opportuniste ? On semblait déjà le penser quand on l'a envoyé chez lui.

Malheureusement, si Ebon n'est plus dans la course, il faut bien quelqu'un pour tenir la barre.


Ellipse !

Ellipse pendant laquelle Flore prendra soin de prévenir Rowena - même si elle la déteste encore plus à présent - pour sa soeur, et de lui signifier qu'elle compte particulièrement sur elle pour que cet enfant vienne au monde sain et sauf. Si elle accomplit cette charge, elle lui promet de lui offrir ensuite toutes les opportunités de bataille qu'elle pourra désirer.